Le virus de l'hépatite C (VHC) est responsable d'infections aiguës et chroniques chez l'homme. A l'échelle mondiale, 71 millions d'individus sont porteurs chroniques du VHC. Chaque année, près 700 000 décès sont le fait des complications de cette infection (cirrhose et carcinome hépatocellulaire).
Le virus de l'hépatite C est transmis par le sang. La transmission résulte de l'exposition à du sang infecté, lors de la consommation de drogues injectables, de soins médicaux, de la transfusion de sang ou de produits dérivés non testés pour le VHC (tous les produits sont testés en France où le risque transfusionnel a disparu). Le risque de transmission sexuelle du VHC est extrêmement faible chez les couples hétérosexuels stables, mais élevé chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) utilisant des substances psychoactives pour leurs relations sexuelles ("chemsex") et exposés à des pratiques traumatiques. Le risque de transmission de la mère à l'enfant est très faible. L'utilisation de drogues par voie veineuse est aujourd'hui le principal mode de transmission du VHC. La prévalence du VHC chez les usagers de drogues injectables (UDI) est en moyenne de 70%. En France, elle était de 58% en 2004 et de 43% en 2011. La transmission lors de gestes médicaux invasifs est en nette diminution du fait d'un renforcement des précautions universelles d'asepsie.
Dans le monde, 71 millions d'individus sont porteurs chroniques de l'hépatite C. En France en 2011, la prévalence des anticorps anti-VHC était estimée à 0,75%, et celle de l'ARN du VHC, qui témoigne d'une infection active, à 0,42% (soit environ 193 000 d'individus ayant une infection chronique). L'incidence de l'hépatite aiguë C n'est pas connue en France car il n'existe pas de système de déclaration obligatoire. En Europe, l'infection par le VHC est responsable d'environ 10% des cas d'hépatite aiguë. Le diagnostic de l'hépatite aigüe C est donc rarement fait, excepté dans certaines populations exposées (HSH, UDI).
L'incubation dure 2 semaines à 6 mois. L'hépatite aiguë C est asymptomatique chez environ 80% des sujets contaminés. L'activité sérique de l'alanine aminotransférase (ALAT) est toujours élevée. Chez 10% à 40% des sujets, l'infection aiguë est limitée et évolue spontanément vers une résolution ; seuls persistent alors des anticorps anti-VHC dans le sang. Les patients restants développent une infection chronique.
L'hépatite chronique C est définie par la persistance de l'ARN du VHC plus de 6 mois après l'hépatite aiguë. L'infection chronique est responsable d'une hépatite chronique dont l'évolution est généralement lente en l'absence de facteurs de comorbidité (20 à 30 ans en moyenne) vers la cirrhose ou le CHC. On estime qu'environ 20 à 30% des patients ayant une hépatite chronique C développeront une cirrhose, un CHC ou les deux sur une période de 30 ans. Le risque de cirrhose et de cancer augmente avec la durée de l'infection et est plus important chez les individus contaminés après l'âge de 40 ans et/ou ayant une consommation excessive d'alcool. Des manifestations extra-hépatiques peuvent être observées au cours de l'hépatite chronique C. la plus fréquente est la cryoglobulinémie mixte, qui peut être à l'origine de vascularites cryoglobulinémiques associées à des manifestations neurologiques, dermatologiques et/ou rénales sévères.
Le diagnostic de l'infection par le VHC repose sur la détection d'anticorps anti-VHC à partir d'un prélèvement de sang réalisé au pli du coude. La détection des anticorps anti-VHC peut également être réalisée à l'aide de tests rapides d'orientation diagnostique (TROD) à partir de sang capillaire après auto-piqûre au bout du doigt ou à partir de la salive. Les TRODs sont particulièrement utiles pour atteindre des populations échappant aux structurales habituelles de soins. Si des anticorps anti-VHC sont présents, l'ARN du VHC doit être recherché afin de démontrer la présence du virus, signe d'une infection active. La persistance de l'ARN du VHC au-delà de 6 mois après une hépatite aiguë définit l'infection chronique par le VHC. L'hépatite chronique C est caractérisée par la présence simultanée d'anticorps anti-VHC et d'ARN viral chez des sujets ayant des signes cliniques et/ou biologiques d'atteinte chronique du foie.
Le traitement de l'hépatite C vit une véritable révolution avec des taux de guérison de l'infection aujourd'hui proches de 100%. Les antiviraux directs appartiennent à 4 classes de molécules : inhibiteurs de protéases, inhibiteurs de la protéine NS5A, inhibiteurs nucléotidiques de la polymérase virale et inhibiteurs non nucléosidiques de la polymérase virale. Ces molécules sont utilisées en combinaison, associant un inhibiteur de NS5A à une ou deux autres molécules. Ces combinaisons sont administrées 8 à 24 semaines. Très efficaces, elles sont également très bien tolérées.
A ce jour, il n'existe pas de vaccin contre le VHC. En France, les stratégies usuelles de prévention ont permis de réduire l'incidence de l'infection par le VHC, excepté dans certaines populations en particulier les HSH et les prisonniers. Il est aujourd'hui recommandé d'effectuer une prévention combinée en associant les méthodes de prévention comportementale, l'élargissement des indications de dépistage (dépistage systématique chez les hommes âgés de 18 à 60 ans et les femmes enceintes dès la première consultation prénatale), et l'instauration d'un traitement antiviral dès le diagnostic afin de réduire la transmission.